Le 10 octobre est la Journée internationale
de la santé mentale. C’est l’occasion de discuter chaque année du thème suivant : comment les êtres humains peuvent-ils maintenir ou rétablir leur santé psychique? Or il arrive souvent qu’un groupe - dont la santé psychique est fortement mise en danger - soit presque oublié. Ce sont les enfants de parents psychiquement malades.
Alessandra Weber, Secrétaire générale de l‘iks Institut Kinderseele Schweiz
Les troubles psychiques sont la cause la plus fréquente de l’invalidité en Suisse. Le risque de souffrir d’une maladie psychique au cours d’une vie s’élève à environ 50 pour cent. Ces maladies ne frappent pas seulement la personne malade. L’entourage aussi en est profondément affecté – tout particulièrement les enfants mineurs.
Les besoins et la détresse de ces enfants ne sont souvent pas suffisamment pris en considération. De nombreuses personnes qualifiées n’ont pas encore réalisé combien la maladie des parents peut entraver le développement d’un enfant. Les enfants concernés présentent un risque accru de souffrir d’une maladie psychique. Seul un tiers de ces enfants reste en bonne santé. Tous les autres tombent malades, que ce soit durant l’enfance ou plus tard, ou se sentent toujours freinés dans leur vie
« par les ombres de l’âme ».
Les enfants réagissent souvent après coup à un gros problème psychique d’un de leurs parents. Durant la crise aiguë, ils se comportent fréquemment de manière normale et passent inaperçus. Mais en même temps, pour eux la souffrance commence, bien avant le diagnostic médical. Il s’écoule souvent des mois, voire des années depuis le moment où l’enfant perçoit les Premiers symptômes et les modifications de la manière d’être de la mère ou du père jusqu’à ce qu’il soit informé. Dans beaucoup de familles, on ne parle pas de la maladie d’un des parents par peur d’être stigmatisé et disqualifié par la société. Cette « zone grise » est une période particulièrement difficile pour les enfants car ils ne disposent d’aucune explication rationnelle concernant le comportement étrange du parent malade.
De quoi ces enfants ont-ils besoin pour pouvoir se développer sainement ? En premier lieu, il leur faut des explications et au moins une personne de référence adulte fiable. Ensuite, afin que la détresse de ces enfants soit reconnue à temps et qu’ils reçoivent de l’aide, ils ont de toute urgence besoins d’une prise en charge intégrée et d’un meilleur échange entre les fournisseurs de prestations des différents domaines – par exemple entre les services de prise en charge des adultes et ceux des enfants. Enfin, pour les familles concernées et leur entourage, il faut aussi des offres facilement accessibles telles que des plateformes d’information, des points de contact et des centres de consultation.